Après moins d’une année passée à la tête du ministère de la Justice, Me Constant Mutamba s’apprête à quitter ses fonctions de Ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, avec le sentiment du devoir accompli. Son passage, bien que bref, aura été marqué par une série d’initiatives fortes et parfois controversées, traduisant une volonté assumée de réforme.
Dès son entrée en fonction, il s’est attaqué de front à la lutte contre la corruption, en lançant notamment des injonctions de poursuites contre des magistrats et fonctionnaires accusés d’abandon de poste. Il a également engagé un processus de bancarisation des frais judiciaires, dans le but de moderniser les flux financiers au sein du système judiciaire.
Convaincu que les
détournements de fonds publics méritaient des sanctions exemplaires, il a publiquement plaidé pour l’instauration de la peine de mort dans ce domaine, suscitant à la fois adhésion et controverse.
Dans le même élan, Me Mutamba a proposé la création d’un parquet financier, destiné à mieux réprimer les crimes économiques, tout en portant plusieurs projets de réformes législatives ambitieux. Ces textes, touchant à l’organisation du pouvoir judiciaire, au fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, au statut des magistrats ou encore à la profession d’avocat, visaient à renforcer l’efficacité et la transparence de la justice congolaise.
Son mandat a également été marqué par un bras de fer institutionnel concernant la place du ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature, une bataille qu’il a assumée au nom de la cohérence institutionnelle.
Sur le terrain, il a dû faire face au problème persistant de la surpopulation carcérale, dans un climat parfois tendu avec les syndicats de magistrats.
L’organisation des états généraux de la Justice figure parmi les temps forts de son action, illustrant sa volonté de réformer en profondeur un système souvent qualifié de malade. Enfin, Me Mutamba n’a pas hésité à afficher son soutien aux groupes d’autodéfense Wazalendo en Ituri et au Nord-Kivu, en initiant une collecte nationale d’offrandes pour soutenir ces combattants populaires, dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu.
À l’heure du départ, le bilan qu’il laisse derrière lui témoigne d’un engagement résolu pour une justice plus ferme, plus moderne et plus proche des réalités congolaises, malgré les nombreux défis et résistances rencontrés en chemin.
Didier Mbongomingi









