Kinshasa – Alors que la diplomatie congolaise s’active autour d’un accord de paix historique avec le Rwanda, un autre acteur vient semer le trouble par ses sorties imprévisibles sur les réseaux sociaux : Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et chef d’état-major des UPDF (Forces de défense ougandaises).
Son compte X (anciennement Twitter), suivi par des centaines de milliers d’abonnés, alimente régulièrement la controverse. Le ton y est moqueur, parfois satirique, et flirte souvent avec l’irrespect diplomatique, tant envers les autorités congolaises que vis-à-vis des groupes armés en conflit dans l’Est du pays.

On l’a vu un jour soutenant tacitement le M23, promettant même de « marcher jusqu’à Kisangani » si ses alliés tardaient à avancer ; le lendemain, se posant en partenaire des FARDC dans des opérations conjointes contre les ADF. Et comme pour ajouter à la confusion, il s’est récemment attaqué ouvertement aux Wazalendo, pourtant alliés indispensables de l’armée congolaise contre les rebelles du M23 et les troupes rwandaises.
Mais c’est sa visite surprise à Kinshasa le week-end dernier qui a véritablement déconcerté l’opinion. Reçu avec les honneurs par le président Félix Tshisekedi, Muhoozi a pris part à des discussions jugées « chaleureuses » selon des sources de la présidence. Les deux parties ont renouvelé leur engagement dans la lutte conjointe contre les ADF. Un séjour diplomatiquement correct… jusqu’à ce que Muhoozi poste un tweet explosif promettant le départ du gouverneur de l’Ituri, Johnny Luboya, et affirmant qu’il « protège personnellement » le président Tshisekedi.

Des propos qui heurtent les esprits, perçus comme une atteinte à la souveraineté de la RDC. Nombreux sont ceux qui s’interrogent : Muhoozi est-il réellement l’auteur de ces tweets ? Ou ces messages traduisent-ils simplement la vision confuse et parfois condescendante qu’il nourrit envers la RDC ?
Dans un contexte où la RDC se prépare à signer, le 27 juin à Washington, un accord de paix avec le Rwanda sous médiation américaine et qatarie, certains analystes pensent que l’Ouganda cherche aussi à tirer profit de ce virage diplomatique. L’attitude ambivalente de Muhoozi serait alors une manière de faire pression pour « réclamer sa part du gâteau » dans ce processus de redéfinition des rapports régionaux.

Face à ces provocations numériques, Kinshasa reste silencieuse… mais l’agacement se fait sentir dans les coulisses. Car si les tweets sont bien le reflet de la pensée du général ougandais, alors la RDC doit s’interroger sur la véritable nature de son partenariat sécuritaire avec Kampala.
Par Thierry Bwongo









