Kinshasa, 29 juin 2025 — Depuis la fin des années 1990, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont multiplié les initiatives diplomatiques en vue de mettre un terme aux conflits armés qui ravagent l’est congolais. Pourtant, malgré une série d’accords signés entre 1999 et 2023, la paix durable demeure un horizon lointain, sans cesse repoussé par les résurgences des hostilités et la méfiance croissante entre les deux pays.
Le premier jalon de cette diplomatie fut posé en juillet 1999, avec l’accord de Lusaka, signé au plus fort de la Deuxième Guerre du Congo. Réunissant six pays impliqués dans le conflit, dont le Rwanda, cet accord prévoyait un cessez-le-feu, le retrait des forces étrangères et le déploiement d’une mission de l’ONU. Bien que sa mise en œuvre ait été incomplète, il jeta les bases de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC), prélude aux nombreuses médiations à venir.
Trois ans plus tard, en 2002, les accords de Pretoria scellèrent un engagement bilatéral : le retrait des troupes rwandaises devait être suivi du désarmement des rebelles hutus des FDLR par Kinshasa. Cet accord fut salué comme une avancée majeure, mais son application resta partielle. Les FDLR continuèrent d’opérer sur le territoire congolais, alimentant un cycle de méfiance réciproque.
En 2007, à Nairobi, un nouvel accord fut signé, cette fois entre la RDC et les FDLR, avec l’appui du Rwanda. L’objectif était clair : désarmer les groupes rebelles. Cependant, l’émergence de nouveaux mouvements tels que le M23, appuyés selon Kinshasa par Kigali, replongea la région dans une nouvelle spirale de tensions.
La déclaration d’Addis-Abeba, signée en 2013 à la suite de la première rébellion du M23, tentait d’établir un consensus régional. Elle engageait les États signataires — dont le Rwanda — à ne plus soutenir de groupes armés dans la région. Pourtant, cette promesse fut rapidement éclipsée par les accusations de Kinshasa, qui dénonça dès 2021 la résurgence du M23, en pointant à nouveau l’implication du Rwanda.
Entre 2022 et 2023, les tentatives de désescalade reprirent avec les accords de Luanda et de Nairobi, impulsés par l’Angola et d’autres pays de la région. Kigali y réaffirma son engagement à respecter les frontières congolaises et à retirer ses troupes non déclarées du territoire. Mais sur le terrain, les affrontements n’ont jamais réellement cessé, réduisant l’effet des engagements diplomatiques à une série de gestes symboliques sans mécanisme contraignant.
Sur le plan politique, cette succession d’accords a eu plusieurs conséquences majeures. D’abord, elle a renforcé le discours souverainiste en RDC, nourri par les agressions répétées perçues de la part de Kigali. Ensuite, elle a fragilisé la confiance entre les pays de la région, rendant inefficaces les mécanismes de suivi. La pression internationale sur le Rwanda s’est intensifiée depuis 2022, notamment à travers des rapports de l’ONU confirmant des liens présumés entre Kigali et les rebelles du M23. Du côté congolais, la population a progressivement développé une forte méfiance à l’égard de négociations jugées inutiles, favorisant la montée du nationalisme. Enfin, malgré la multiplication des textes signés, l’absence de mesures coercitives concrètes a plongé le processus dans une impasse diplomatique.
Entre aspirations sincères à la paix et réalités géopolitiques dures, ces vingt-cinq années d’accords entre la RDC et le Rwanda racontent une histoire de promesses fragiles. Sans volonté politique véritable ni supervision internationale rigoureuse, la paix demeure, encore aujourd’hui, une équation non résolue.
Par GuyRoger Tshitenge









