Alors qu’il est au cœur d’un rapport préliminaire accablant de la Cour des Comptes, Honoré Mulumba Kalala, Directeur Général suspendu du Fonds Forestier National (FFN), vient d’être réhabilité par un arrêt du Conseil d’État. Une décision qui suscite de vives interrogations sur l’indépendance de cette haute juridiction administrative et sur l’état de la gouvernance publique en RDC.

Selon des sources proches du Conseil d’État, un arrêt aurait été rendu en faveur de M. Mulumba Kalala, lui permettant de reprendre ses fonctions à la tête du FFN. Cette décision intervient alors même que le rapport d’audit de la Cour des Comptes, couvrant les exercices 2021 à 2024, met en lumière de graves irrégularités dans la gestion de cette institution stratégique pour la politique environnementale du pays.

Mandatée par plusieurs ordres de mission de son Premier Président, la Cour des Comptes a mené une mission d’audit approfondie sur la gestion du FFN. Le rapport préliminaire révèle une série de dysfonctionnements majeurs, dont voici les principaux constats :

  1. Ouverture illégale d’une antenne provinciale fictive à Mbuji-Mayi, sans l’aval du Conseil d’administration ni du ministère de tutelle, avec un loyer payé pour 24 mois (13 200 USD) pour un local inexistant.
  2. Exécution de budgets non approuvés par le Conseil d’administration, en violation du décret n°09/024.
  3. Absence de suivi et d’évaluation sur plus de 97 % des projets financés, représentant près de 5 millions USD.
  4. Rabattement injustifié des superficies déboisées et des recettes fiscales associées, causant une perte estimée à 7,7 millions USD.
  5. Financement de 83 ONG non agréées, pour un montant de 2,75 millions USD, en violation des procédures.
  6. Appui à 196 projets inéligibles, sans respect des critères de sélection définis par le manuel de procédures.
  7. Financement de projets sans étude préalable, pour un total de 1,44 million USD.
  8. Passation de marchés publics sans appel d’offres, notamment pour l’achat de véhicules vétustes et surfacturés.

Des sources concordantes évoquent la circulation d’une somme avoisinant 300 000 USD dans les couloirs du Conseil d’État, destinée à influencer la décision de réhabilitation du DG suspendu. Si ces allégations se confirment, elles constitueraient une atteinte grave à l’État de droit et à la lutte contre la corruption.

Cette affaire met en lumière les tensions entre les institutions de contrôle et les juridictions administratives. Elle soulève également des questions sur la volonté réelle de certaines autorités à promouvoir la transparence et la bonne gouvernance.

La Cour des Comptes est désormais appelée à publier officiellement son rapport final et à saisir les instances compétentes pour que les responsabilités soient établies. Il en va de la crédibilité des institutions publiques et de la confiance des citoyens dans l’État.

DMK

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