Le 27 juin 2025, dans les couloirs feutrés de la Maison-Blanche, un accord diplomatique est scellé entre les États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. L’objectif : œuvrer à la stabilisation régionale et amorcer une sortie de crise dans les Kivus. À peine quelques jours plus tard, le Congrès américain adopte une résolution transpartisane, saluée avec ferveur par Moïse Katumbi, leader politique congolais, comme une étape décisive sur le chemin de la paix, de la réconciliation et de la démocratie.

Selon Katumbi, ce texte marque une convergence historique entre le Congrès, le Département d’État dirigé par Marco Rubio, et l’administration Trump. Il souligne trois axes forts : le rejet de tout troisième mandat présidentiel en RDC, le soutien à un dialogue national inclusif sous l’égide de la CENCO et de l’ECC, et des sanctions contre les acteurs de la corruption et des atteintes aux droits humains. Pour Katumbi, ce signal clair atteste de la volonté américaine d’agir sur les causes profondes de la crise congolaise. Il adresse d’ailleurs ses remerciements directs au président Donald Trump, qu’il qualifie de catalyseur du changement.

Mais dans les cercles ecclésiastiques, le ton diffère.

Le cardinal Fridolin Ambongo/ archevêque de Kinshasa

Le cardinal Fridolin Ambongo, figure influente de l’Église catholique congolaise, s’interroge ouvertement sur l’équilibre réel de cet engagement. Lors d’un discours tenu à Kinshasa, il fustige ce qu’il considère comme une diplomatie extractiviste déguisée : « Alors que nos communautés manquent d’eau potable, les minerais stratégiques deviennent la principale monnaie d’échange. Trump nous propose la paix, mais en retour il exige le minerai. » Pour Ambongo, la logique américaine repose sur une forme de marchandage où les souffrances congolaises deviennent un levier géopolitique. Il évoque même une tentative similaire en Ukraine, qui selon lui n’a apporté que des illusions.

À cette critique institutionnelle s’ajoute une voix citoyenne de plus en plus audible. Sur le réseau X, un internaute congolais déplore une dépendance presque religieuse de ses dirigeants envers les États-Unis. Il cite tour à tour Kabila, Tshisekedi, Katumbi et Fayulum comme des figures influencées, voire instrumentalisées, par les agendas stratégiques de Washington. Ce citoyen souligne une dynamique inquiétante : « Les États-Unis ont promu des régimes, alimenté des conflits et fragilisé des pays africains au nom de leurs intérêts. La RDC fait partie des territoires qu’ils préfèrent divisés et manipulables. »

En toile de fond, une interrogation demeure : les États-Unis sont-ils des alliés sincères du peuple congolais ou des stratèges préoccupés avant tout par l’accès aux ressources ?

D’un côté, la résolution du Congrès affirme un idéal démocratique et un soutien aux institutions. De l’autre, son application soulève des doutes quant à la capacité du peuple congolais à déterminer seul sa destinée, sans tutelle diplomatique. La critique ne rejette pas l’aide, mais questionne ses conditions et ses véritables bénéficiaires.

Ainsi, le débat ne se limite pas à un simple affrontement d’opinions entre Katumbi et Ambongo. Il reflète une fracture plus profonde sur la souveraineté, la mémoire des luttes passées, et l’avenir du Congo dans un monde toujours plus interconnecté — mais rarement équitable.

Par Thierry Bwongo

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