Kabare, 20 juillet 2025 – La tragédie a de nouveau frappé le secteur minier artisanal en République démocratique du Congo. Ce dimanche matin, un éboulement s’est produit dans le carré minier de Lomera, situé dans le groupement de Luhihi, territoire de Kabare dans la province du Sud-Kivu. Le drame s’est déroulé alors que plusieurs creuseurs étaient encore à l’intérieur des puits d’or.

Selon les premières informations recueillies par OASIS FMTV, plusieurs corps seraient coincés sous les décombres. Les opérations de secours sont en cours, mais les conditions d’accès et le manque d’équipements ralentissent fortement les recherches. Aucune estimation officielle n’a encore été fournie par les autorités locales ou provinciales.
Ce n’est pas la première fois que le site de Luhihi fait parler de lui. En mars 2021 déjà, ce site avait été fermé temporairement par les autorités provinciales suite à des incidents similaires et une forte insécurité liée à l’exploitation anarchique de l’or. Malgré les mesures annoncées, très peu a été fait pour encadrer durablement l’exploitation artisanale.En RDC, plus de 2 millions de personnes dépendent directement de l’exploitation artisanale de l’or, selon la Banque mondiale. Mais ces mineurs travaillent souvent dans des conditions précaires, sans protection, ni assurance, ni structure officielle pour les encadrer. Ce secteur informel, bien que vital pour des milliers de familles, reste miné par l’insécurité, les conflits d’intérêts et l’absence totale de régulation effective.

Luhihi et ses environs sont riches en or, une richesse paradoxalement source de misère et de mort pour la population locale. L’ONG Global Witness rappelait encore en 2023 que plus de 80 % de l’or artisanal extrait en RDC échappe à tout contrôle étatique et alimente un commerce international opaque, souvent au bénéfice de groupes armés et de réseaux transnationaux.
Alors que la communauté internationale multiplie les initiatives pour « formaliser » le secteur minier artisanal en RDC, ce nouveau drame révèle l’échec de nombreuses politiques publiques et le manque criant de volonté politique à sécuriser les zones minières. Des voix s’élèvent pour exiger une enquête sérieuse et des mesures concrètes afin de prévenir de telles tragédies.

Dans ce contexte de guerre, d’insécurité et de pauvreté, les creuseurs artisanaux incarnent une résilience quotidienne. Ils risquent leur vie non pas par choix, mais par nécessité. À défaut d’une protection réelle, c’est une fois de plus à la population locale d’enterrer ses morts.
« Ces hommes sont les martyrs silencieux de la richesse du Congo », déplore un habitant joint sur place.
Par la Rédaction









