La dernière ordonnance présidentielle signée par Félix Tshisekedi, en date du 23 juillet 2025, révèle un remaniement stratégique au sein du cabinet du chef de l’État et des institutions clés de la République. Parmi les nominations les plus marquantes figure celle d’André Wameso, ancien directeur adjoint du cabinet présidentiel, qui devient gouverneur de la Banque Centrale du Congo. Ce choix n’est pas simplement technique : il porte une forte charge symbolique, puisqu’il faut remonter à 1961 avec Albert Ndele pour retrouver un Ne Kongo à ce poste. Officiellement, cette nomination vise à mieux maîtriser la politique monétaire pour contenir l’inflation, un domaine qu’il supervisait déjà. Mais en coulisse, son profil proche du Président laisse entendre qu’il sera le garant d’une surveillance rigoureuse sur les investissements étrangers, notamment ceux promis par les États-Unis, assurant ainsi un canal quasi direct entre la présidence et les flux financiers à venir.

À l’inverse, le repositionnement de Malangu Kabedi, désormais présidente du conseil d’administration de la CADECO, semble sonner comme un déclassement. Celle qui dirigeait la Banque centrale est reléguée à un poste perçu comme secondaire, soulevant des interrogations sur les véritables intentions du pouvoir, certains évoquant une punition déguisée.
Deux sénateurs entrent également en scène : Cédric Ngindu est nommé président du conseil d’administration du Fonds d’intervention pour l’environnement. Ancien directeur de cabinet de la ministre de l’environnement Ève Bazaiba, il retrouve un domaine qu’il maîtrise. Quant à Aminata Namasia, sa trajectoire impressionne : élue tour à tour députée provinciale, nationale, puis sénatrice, elle est aujourd’hui propulsée au conseil d’administration du Fonds d’aménagement du territoire. Sa progression est remarquable, surtout pour celle qui était la benjamine du bureau d’âge durant le premier mandat de Félix Tshisekedi.


Parmi les visages récurrents, Vicky Katumwa conserve son poste à la tête du Fonds de Promotion de l’Industrie. De son côté, Medy Vedoso, issu de l’église Philadelphie, est nommé chargé des missions stratégiques du chef de l’État, confirmant la permanence de certaines sphères d’influence religieuse dans l’architecture du pouvoir.

La formation politique qui sort nettement gagnante de cette série de nominations est l’AREP de Guy Luando, avec huit personnalités promues. Ce succès contraste fortement avec le sort réservé à l’UDPS, le parti présidentiel, dont seul André Wameso semble avoir bénéficié d’une promotion visible. Cette disparité alimente les tensions sur les réseaux sociaux, certains y voyant les prémices d’un vaste réaménagement à venir. Ce dernier pourrait s’accélérer à l’issue du dialogue attendu dans le sillage des discussions de Doha.
Dans un contexte de rapprochement diplomatique avec Washington, ces nouvelles nominations pourraient constituer les premières pierres d’une transformation profonde de l’appareil étatique congolais. Entre technocratie affirmée, repositionnement politique et redéfinition des réseaux d’influence, la République démocratique du Congo semble amorcer une reconfiguration majeure de son pouvoir exécutif, annonciatrice d’une nouvelle ère.
Par la rédaction









