À huit jours du coup d’envoi des compétitions interclubs africaines, le football congolais est plongé dans une tourmente institutionnelle sans précédent. Le TP Mazembe et le Daring Club Motema Pembe (DCMP), deux géants du championnat national, contestent vigoureusement la procédure de désignation des clubs censés représenter la République démocratique du Congo à la Confédération africaine de football (CAF). Dans une correspondance adressée à l’instance continentale le 9 septembre, Mazembe propose l’application du principe de « saison blanche », une mesure radicale soutenue par le DCMP.

La réunion du 8 septembre, convoquée par la Fédération congolaise de football association (FECOFA), est au cœur de la controverse. Elle visait à soumettre à la CAF une liste de quatre clubs qualifiés pour les compétitions interclubs. Or, selon les deux clubs contestataires, cette réunion est entachée de graves irrégularités: violation d’une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), implication illégitime de certains clubs dans une décision juridiquement contraignante, soupçons de corruption et d’ingérence politique, et transmission d’un classement « vicié » à la CAF.

Le manager général du TP Mazembe, Frédéric Kitenge, ne mâche pas ses mots:

« Il est juridiquement inadmissible que la FECOFA soumette au vote des clubs une décision rendue par le TAS. Cette décision a force obligatoire et ne saurait être remise en cause par une quelconque procédure consultative ou élective. »

De son côté, le DCMP exprime des préoccupations spécifiques liées à l’équité sportive et à la crédibilité du processus. Son secrétaire général, Jean-Paul Munganga, déclare:

« Nous ne pouvons cautionner un classement établi sur des bases floues, dans un contexte où le championnat n’a pas été mené à son terme. La FECOFA doit respecter les textes et cesser de manipuler les institutions pour des intérêts obscurs. »

Les deux clubs demandent à la CAF de rejeter la démarche de la FECOFA, de faire respecter la décision du TAS, et d’appliquer le règlement relatif à une saison blanche. Cette dernière mesure, bien que drastique, viserait à rétablir l’équité et la légitimité du football congolais, quitte à priver temporairement tous les clubs du pays de participation continentale.

La FECOFA, de son côté, affirme que sa démarche repose sur un vote majoritaire de 26 clubs, contre 4 opposants — le TP Mazembe, le DCMP, le CS Don Bosco et l’Étoile du Kivu. Elle a transmis à la CAF une liste incluant FC Les Aigles du Congo, Saint Éloi Lupopo, Maniema Union et AS Simba.

Mais pour les contestataires, cette majorité ne saurait justifier une violation des principes juridiques.

« Ce n’est pas une question de nombre, mais de droit. Le football ne peut être gouverné par l’arbitraire », insiste Kitenge.

La CAF, désormais saisie, devra trancher dans un climat de défiance croissante entre les clubs, la fédération et les instances juridiques. Le football congolais joue une partie décisive, non pas sur le terrain, mais dans les coulisses institutionnelles. Et l’issue de ce bras de fer pourrait redéfinir les règles du jeu pour les saisons à venir.

Par la rédaction

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