Kinshasa, le 18 septembre 2025 — Le Consortium des Organisations Non Gouvernementales des Droits de l’Homme en République Démocratique du Congo (RDC) tire la sonnette d’alarme sur les risques d’un conflit foncier ouvert entre les chefferies de Wando (territoire de Dungu) et de Logo-Ogambi (territoire de Faradje), dans la province du Haut-Uélé.
Depuis plus d’une décennie, ces deux entités coutumières sont engagées dans un litige frontalier persistant, source de tensions communautaires récurrentes. Ce différend a culminé lors des tragiques événements des 4 et 5 janvier 2025, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes.
Une mission officielle sous haute controverse
Pour tenter de résoudre ce conflit, le Gouvernement central a mandaté une mission de clarification des limites administratives, conduite par une délégation dépêchée par le Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières, en collaboration avec des experts de l’Institut Géographique du Congo (IGC). Cette mission s’appuyait sur l’Ordonnance n°21/378 du 10 décembre 1955, qui définit les repères officiels de délimitation, notamment les sources Teride, Gangu et Bimva.
Cependant, le Consortium des ONGDH en RDC dénonce plusieurs irrégularités majeures relevées lors de cette mission :
- Le prélèvement initial des données géoréférentielles à la source Gurude, affluent de Teride, sans respect des repères légaux ;
- L’ajout d’un quatrième prélèvement à la source Naboko, non mentionnée dans les textes officiels, réalisé sans la présence des représentants coutumiers de la chefferie de Wando ;
- Des concertations tenues à huis clos entre certains élus provinciaux et les experts de la mission, alimentant des soupçons de manipulation ;
- L’exclusion partielle des notables coutumiers, en violation du principe de participation inclusive.
Une mission qui attise les tensions
Le Consortium regrette que ces pratiques aient compromis la crédibilité des données collectées et exacerbé les tensions intercommunautaires. Loin d’apaiser la situation, la mission semble avoir renforcé la méfiance entre les communautés concernées.
Face à ce constat préoccupant, le Consortium alerte sur les dangers liés aux interprétations biaisées des textes légaux et des coutumes locales, susceptibles de provoquer une instabilité durable dans la région.
Recommandations pour une solution durable
Pour garantir une résolution pacifique, légale et inclusive du conflit, le Consortium formule les recommandations suivantes :
- Organisation d’une nouvelle mission de délimitation, confiée exclusivement à des experts neutres de l’IGC, avec la participation obligatoire des représentants coutumiers des deux chefferies ;
- Mise en place d’une commission mixte et inclusive composée de parlementaires, juristes spécialisés, experts en droit coutumier et représentants de la société civile ;
- Respect strict de l’Ordonnance n°21/378 du 10 décembre 1955 comme seule base légale de délimitation ;
- Implication directe du Vice-Premier Ministre pour garantir l’impartialité et la rigueur des opérations, et prévenir toute instrumentalisation politique. Un appel à la paix et à la cohésion
Le Consortium rappelle que seule une approche transparente, participative et respectueuse des lois et coutumes permettra de préserver la fraternité historique entre les communautés sœurs de Sambia et Akwa. Il souligne également la sensibilité du dossier, dans un contexte géographique proche de l’Ituri et du Sud-Soudan, où les conflits liés à la terre peuvent rapidement dégénérer.
En lançant cette alerte, le Consortium des ONGDH réaffirme son engagement à accompagner toutes les initiatives visant à promouvoir la paix, la justice et la cohésion sociale dans le Haut-Uélé et sur l’ensemble du territoire national.
Par Didier Mbongomingi









