Nous ne prétendons pas détenir plus de sagesse que celles et ceux qui liront ces lignes. Mais, en tant que militants conscients et citoyens engagés, nous avons le devoir moral de regarder les réalités en face — avec lucidité, amour et loyauté — pour offrir une véritable thérapie à notre maison politique : l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), aujourd’hui au pouvoir.
Fort de son histoire, de ses luttes et de ses sacrifices, notre parti traverse une étape cruciale : celle de la maturité à l’exercice du pouvoir. Cette phase exige une introspection honnête, car les divergences internes et les frustrations non traitées peuvent devenir des germes de division. Il revient au Comité de Suivi et de Réconciliation d’agir sans tarder, avec courage et clairvoyance.
Toute réconciliation sincère commence par la vérité. Voici quelques-unes des causes majeures de nos tensions actuelles :
- Des frustrations liées aux choix des animateurs, souvent perçus comme exclusifs ou déséquilibrés, qui ont laissé des blessures chez plusieurs militants de première heure.
- L’absence d’un Bureau Politique fonctionnel, pourtant essentiel à la prise de décisions majeures. Dans une démocratie mature, même le chef de l’État issu du parti s’appuie sur ce cadre, et non sur des structures parallèles.
- Un déséquilibre géopolitique interne : chaque espace linguistique et provincial doit se sentir représenté et respecté, sans esprit clanique.
- Des nominations déconnectées des réalités locales, alors que la dynamique du terrain devrait guider les choix au-delà des proximités personnelles.
- Une faible inclusion des dignitaires régionaux (les caucus), dont la participation renforcerait la légitimité et l’adhésion populaire.
- Un manque de discipline et de suivi des cadres nommés, qui doivent respecter les principes du parti et contribuer activement à la vie militante.
- La précarité des structures fédérales et locales, qui affaiblit le lien entre la base et la hiérarchie.
Réconcilier ne signifie pas effacer les différends, mais reconstruire la confiance sur la base de la vérité, du respect mutuel et du sens de l’intérêt supérieur du parti et de la Nation.
Le Comité de Suivi et de Réconciliation doit devenir un cadre permanent de dialogue, de transparence et d’écoute. Chaque militant, quelle que soit sa position, doit se sentir concerné par la destinée de l’UDPS au pouvoir.
L’heure n’est plus à la suspicion ni aux rancunes ; elle est à la consolidation d’une force politique responsable, fidèle à son idéal fondateur : le peuple d’abord.
Nous soumettons cette réflexion avec humilité. Si certaines paroles heurtent, qu’elles soient lues dans l’esprit de fraternité et de loyauté qui nous anime. Notre ambition n’est pas de juger, mais d’aimer assez notre parti pour lui dire la vérité, et d’aimer assez notre pays pour refuser le silence complice.
Un grand parti au pouvoir ne se reconnaît pas seulement à sa capacité de triompher, mais surtout à sa capacité de se corriger.
Par Didier Mbongomingi









