Alors que le président Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame ont signé, le 4 décembre 2025 à Washington, un accord de paix sous l’égide du président américain Donald Trump, des voix s’élèvent pour interroger la portée réelle de cette initiative. Présenté comme un « tournant diplomatique » par les médiateurs américains, cet accord survient dans un contexte de tensions persistantes sur le terrain, notamment avec les affrontements entre les FARDC et le M23, groupe armé que Kigali est accusé de soutenir.

Une paix régionale sans cohésion nationale ?

Si l’intention de pacifier la région des Grands Lacs est louable, plusieurs observateurs s’interrogent sur la logique politique qui sous-tend cette démarche. Pourquoi chercher un compromis avec un voisin accusé d’ingérence, tout en marginalisant certaines voix internes, parfois qualifiées à tort d’« ennemies de la paix » ? Cette posture soulève une inquiétude fondamentale : peut-on espérer une paix durable sans cohésion nationale ?

Le paradoxe de l’accord du 4 décembre

L’accord signé à Washington, bien que salué par les parties comme « le début d’un nouveau chemin », semble souffrir d’un déficit de légitimité populaire. Sur le terrain, les combats se poursuivent, et les divergences entre Kinshasa et Kigali restent profondes. Paul Kagame lui-même a reconnu que l’application de l’accord connaîtrait « des hauts et des bas ». De son côté, Félix Tshisekedi a exprimé sa volonté de respecter les engagements, tout en appelant à une coopération fondée sur le respect mutuel et la lutte contre les groupes armés.

Une diplomatie en quête d’équilibre

Ce choix diplomatique, bien que stratégique, interroge sur le plan interne. En l’absence d’un dialogue inclusif avec les forces vives de la nation — société civile, partis politiques, communautés locales — l’accord risque de rester lettre morte. La paix ne peut être décrétée depuis l’extérieur ; elle doit être construite sur une base de confiance, de justice et de reconnaissance mutuelle.

L’appel de Dieudonné Mushagalusha

J’encourage et je félicite le Président de la République pour tout effort tendant à ramener la paix dans notre pays. Ayant été parmi ceux qui avaient proposé, avant tout le monde, l’importance de faire la paix dans la région des Grands Lacs en sollicitant que S.E Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo engage un dialogue avec son homologue rwandais, je réaffirme aujourd’hui cette conviction.

Dieudonné Mushagalusha acteur de la société civile

Étant donné que le Président de la République est le père de la nation, chef de la famille, il ne peut envisager d’aller faire la paix avec les voisins tout en laissant ses propres enfants brûler leur maison sans les écouter.

Réaffirmant mon approche holistique pour une résolution de crise en forme spirale, il est désormais impérieux de convoquer un dialogue national inclusif réunissant quatre grandes parties : la majorité présidentielle (Union Sacrée), l’opposition politique non armée (Ensemble, Lamuka, PPRD, etc.), l’AFC/M23 et la société civile. Et cela, d’une manière équilibrée et équitable.

L’accord du 4 décembre, bien que porteur d’espoir, pourrait s’avérer un « flop » s’il n’est pas accompagné d’un véritable effort de cohésion nationale. La paix ne se négocie pas uniquement entre chefs d’État ; elle se bâtit avec les citoyens, dans la vérité, la transparence et le respect des mémoires blessées. Sans cela, toute initiative diplomatique, aussi spectaculaire soit-elle, risque de s’effondrer sur le socle fragile des divisions internes.

Par Didier Mbongomingi

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