Kinshasa, décembre 2025 — Après douze années de gestion confiée à la société indienne Padiad Elf Kaya, l’État congolais a décidé de reprendre en main l’Hôpital du Cinquantenaire. La décision, annoncée par le ministre de la Santé publique, Dr Samuel Roger Kamba, marque la fin d’un partenariat conclu en 2013 mais jamais respecté.
Le contrat initial prévoyait une concession de dix ans, assortie d’un investissement de 40 millions de dollars pour moderniser l’établissement, ainsi qu’une rétrocession de 5 % des recettes à l’État. Douze ans plus tard, aucun de ces engagements n’a été honoré : ni investissements, ni paiements, ni obligations de transparence ou de service public.
Face à cette situation, le ministère de la Santé a résilié le contrat et placé l’hôpital sous gestion directe de l’État. Pour assurer une transition ordonnée, le directeur de cabinet du ministre, Dr Romain Muboyayi, a annoncé la mise en place d’un comité d’accompagnement chargé de superviser les décisions financières, de sécuriser le personnel et les patients, et de garantir la continuité des soins. « Oui, l’État a repris la gestion de l’hôpital du Cinquantenaire, mais les soins vont continuer », a-t-il rassuré.
Dans la foulée, Dr Muboyayi a effectué une visite des installations — urgences, blocs opératoires et services connexes — afin de constater l’état des lieux et rassurer le personnel ainsi que les usagers.
Cependant, la reprise n’a pas été sans heurts. Le 2 décembre 2025, la nouvelle administration congolaise est arrivée sur place sans préavis et a récupéré les bureaux de l’administration générale, y compris celui du PDG. Ce dernier, furieux, aurait ordonné la fermeture de toutes les activités. Depuis, les pharmacies sont à l’arrêt, les bureaux administratifs fermés, et le matériel informatique bloqué.
La crise a eu des conséquences dramatiques : les employés congolais ne représentent que 3 à 4 % du personnel, la majorité étant composée de médecins et infirmiers indiens. Les décisions importantes leur revenaient, et leur retrait brutal a paralysé l’hôpital. Pendant 48 heures, les patients en soins intensifs sont restés sans traitement, les urgences ont cessé de fonctionner et les hospitalisations ont été suspendues.
Les familles disposant de moyens financiers ont pu transférer leurs proches vers d’autres structures, mais la majorité des patients, notamment ceux pris en charge dans le cadre des conventions dites « PANEL », sont restés sans assistance. Plusieurs décès ont été enregistrés, suscitant une vive inquiétude et une profonde indignation.
Dans un communiqué signé le 4 décembre 2025, le médecin Dr Bakandi Mbula Felly a lancé un appel pressant aux autorités : « Nous invitons très respectueusement le ministre de la Santé publique à s’impliquer promptement afin qu’une solution soit rapidement trouvée. La vie humaine est sacrée et nous avons tous l’obligation de la protéger. »
La reprise de l’Hôpital du Cinquantenaire par l’État congolais apparaît ainsi comme une étape nécessaire pour restaurer la transparence et l’intérêt public. Mais elle révèle aussi l’urgence d’une réorganisation rapide afin d’éviter que les patients, premiers concernés, ne continuent à payer le prix fort de cette transition.
Par Thierry Bwongo









