New York, 11 décembre 2025 — L’atmosphère est lourde au siège des Nations Unies. Dans les couloirs feutrés de Manhattan, une urgence diplomatique s’impose : le Conseil de sécurité de l’ONU (CSNU) tiendra ce vendredi 12 décembre une session extraordinaire consacrée à l’escalade militaire en République démocratique du Congo (RDC), où les rebelles du M23, appuyés par les Forces de défense du Rwanda (RDF), ont pris le contrôle de la ville stratégique d’Uvira, au Sud-Kivu.

Cette avancée militaire, survenue dans la nuit du 9 au 10 décembre, constitue bien plus qu’une opération tactique : elle est perçue comme une violation frontale des accords de paix signés à Washington le 4 décembre sous l’égide du Président Donald J. Trump. À Kinshasa, l’heure n’est plus aux appels à la retenue : la RDC exige des sanctions immédiates contre Kigali, une demande soutenue par la France et les États-Unis.

Une crise humanitaire et régionale

Les conséquences sont dramatiques. Plus de 200 000 nouveaux déplacés internes s’ajoutent aux millions déjà affectés par les conflits précédents. Les hôpitaux sont saturés, les vivres manquent, et les drones kamikazes RDF-M23 sèment la terreur sur les routes poussiéreuses du Sud-Kivu. Le lac Tanganyika, témoin silencieux, reflète les échos d’un conflit qui s’enracine.

Le président Félix Tshisekedi parle d’un « génocide lent perpétré par le Rwanda ». Le Burundi, directement touché par des tirs d’artillerie transfrontaliers depuis le 4 décembre, a fermé ses frontières et dénonce des incursions rwandaises. Plus de 30 000 réfugiés se massent déjà aux abords de Gitega.

Le Conseil de sécurité face à ses responsabilités

La RDC a officiellement saisi le CSNU le 10 décembre, réclamant des sanctions ciblées : gel des avoirs des responsables rwandais, embargo sur les armes, et suspension de l’aide internationale. La France a relayé cette demande en appelant à une session publique. L’administration Trump, quant à elle, plaide pour une « riposte ferme » afin de restaurer la crédibilité des processus de paix de Washington et Doha.

« Le Rwanda défie le monde entier », déclare Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères. « Il est temps que le Conseil agisse, ou l’Afrique des Grands Lacs sombrera dans l’abîme. »

Vendredi à 10h (heure de New York), les 15 membres du CSNU — des puissances comme les États-Unis, la Chine et la Russie, aux représentants africains tels que le Mozambique — devront se prononcer sur un ordre du jour explosif : violation de la résolution 2773 (février 2025), échec des processus de Luanda, Doha et Washington, et urgence humanitaire aggravée par le refus d’accès aux zones occupées.

Le compte à rebours diplomatique

Le Groupe de contact international pour les Grands Lacs (ICG), composé de Washington, Paris et Bruxelles, a donné un ultimatum : sans retrait du M23 d’Uvira dans les 48 heures, des sanctions tomberont. Mais les obstacles sont nombreux. La Russie et la Chine, souvent réticentes aux initiatives occidentales, pourraient bloquer toute résolution contraignante. De son côté, le Rwanda contre-attaque, accusant Kinshasa et le Burundi de « complot terroriste » et invoquant le génocide de 1994 pour justifier ses actions.

Uvira, symbole d’un Congo en sursis

Au-delà des débats diplomatiques, Uvira incarne un tournant. Carrefour commercial, verrou stratégique, elle est aujourd’hui le théâtre d’un affrontement qui dépasse les frontières. Si le CSNU échoue à agir, ce sera un aveu d’impuissance. Mais si les sanctions sont adoptées, ce pourrait être le signal d’un sursaut international contre l’impunité.

Vendredi, l’Afrique retiendra son souffle. Pour la RDC, ce n’est pas une réunion : c’est une bataille pour la survie. Et dans les ruelles d’Uvira, les survivants attendent que la diplomatie rattrape enfin les canons.

Par Didier Mbongomingi

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